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Défense, marine et stratégie
29 novembre 2014

La lente agonie du dollar, les mondialisations et l’Algérie.

Hadj_Nacer

29/11/2014

Ce texte est la reprise écrite de thèmes abordés le 6 septembre 2014, à l’occasion de l’Université d’étédu RAJ. Il s’agissait de sélectionner des chiffres et faits significatifs permettant de caractériser les logiques en œuvre dans ce qui est couramment  appelé« la mondialisation », de les analyser, d’avancer quelques hypothèses sur ce qu’il pourrait advenir car ce que ne devrait pas masquer l’actuelle dynamique dominante, c’est l’existence de contradictions et de conflits qui, en quelque sorte, indiquent que les jeux ne sont pas fait. Ainsi, l’observation attentive de l'évolution relative des monnaies est pleine d'enseignements.

Nous avons d'une part une monnaie mondiale dominante, le Dollar sans réalité économique puisque déconnecté de toute base matérielle ou de tout actif tangible, et des monnaies régionales à l'image de l'Euro et du Renminbi ancrés à l'économie réelle.
La mondialisation serait elle le lieu de lutte ultime entre une monnaie qui joue sa survie, entre l’« axe du mal »que représentent le poids de l’endettement américain et la crise du dollar et d'autres  monnaies qui visent 0 àla remplacer collectivement, ou entre l'économie financiarisée spéculative et virtuelle et l'économie réelle.
Finalement, que nous révèle ce terme de mondialisation et que cela peut-il signifier pour l'Algérie?  Quelques exemples ....

200 000 Milliards d’endettement ou « la mondialisation par l'Argent Brutal ».

Le montant de la dette américaine repris par les journaux est de l’ordre de 25 000 milliards de dollars, mais si l’on additionne la dette de l’état américain central à celles des 51 états plus la dette de tous les citoyens américains, ce montant se situerait, selon les estimations, dans une fourchette comprise entre 170 000 et 200 000 milliards. La production de l'ensemble des agents américains pendant une année équivaut à17 000 milliards. Comment donc disposer de  17 000 milliards pour manger, se loger, se mouvoir, s'équiper, se soigner, faire la guerre et en même temps rembourser  200 000 milliards de dollars ? C’est une impossibilité absolue, technique. Et, quelque soit l’angle sous lequel on envisage une réponse, la conclusion est inévitable : les américains ne pourront jamais rembourser cette dette. Dès lors, il est clair que  la voie de sortie de l’endettement  ne peut être que le recours à une inflation organisée, par le biais d'une injection massive de monnaie rendue possible depuis la démonétisation de l'or et de l'institution du fait du Prince. Depuis 1971, l’état américain s’est octroyé l’exclusivité du privilège d’émettre sans contre partie du papier monnaie. Cela parce qu’il est la première puissance mondiale et qu’il ne s’agit pas d’une économie sous développée mais de l’Empire, du centre de l’Empire. Et il est même possible pour l’Empire d’envisager de ne jamais rembourser parce qu’il peut, pour ce faire, recourir à la guerre, ce que nous  constatons aujourd’hui.

Toutes ces guerres actuelles et tentatives d’en créer répondent à un besoin de survie. L’Amérique, pour garder son niveau de puissance, ne peut pas rembourser ses dettes et doit être en position de faire  payer le reste du monde. Si l’on passe en revue les hypothèses de sortie de crise pour cette puissance,  que constatons-nous ? Depuis une dizaine d’années,  les USA ont essayé de faire fonctionner la planche à billets afin de générer l’inflation, c'est-à-dire une hausse des prix vertigineuse non seulement à l’intérieur des Etats Unis mais dans le monde entier. Du point de vue factuel, dans le contexte de la crise financière, l’erreur fondamentale des Etats Unis a été de pratiquer le  « quantative easing », de fabriquer l’inflation alors que le niveau atteint par l’endettement rendait son absorption impossible. Mais, plus largement, cela ne fonctionne plus, parce qu’un certain nombre de puissances moyennes, telles l’Allemagne et le Japon, ont su tirer profit de l'expérience passée, des grandes guerres pour se prémunir - la première par Loi contre l’inflation interne, la seconde en ne s’endettant qu’en Yen- contre toute tentation inflationniste, celle-ci menant toujours au conflit interne ou externe. L'inflation a une autre caractéristique,  qui est de transférer brutalement l'épargne des classes moyennes et pauvres aux plus riches. À cet égard, la crise de 2008 dite des « sub-primes »est édifiante. Les citoyens américains les plus pauvres ont été mis en situation d’emprunter, par des manipulations des taux d'intérêt vers la baisse puis vers la hausse, les faisant ainsi passer de taux symboliques à 24% ! Dans une telle situation,  il existe deux façons de faire : soit faire payer la population, soit faire payer partiellement ceux qui ont prêté l’argent. Les États Unis ont choisi de faire payer non seulement les emprunteurs mais aussi le reste du Monde, pour sauver les banques. 

Lorsque vous choisissez de sauver les banques et non de sauver les citoyens, cela veut dire que vous optez  en réalité pour un schéma politique ou une organisation sociale qui va influer sur  tout le devenir du monde, dans l’immédiat. Vous optez en dernière analyse en faveur d’une concentration des fortunes aux mains d’une extrême minorité ; vous consentez à appauvrir de façon mécanique la majeure partie de la population par le chômage, la faillite et l’impôt. Cela signifie aussi que cette étape de la crise sert à précariser la population, à la rendre fragile afin de faire d’elle ce que l’on veut, ce dont on a besoin. Et cela est devenu tellement efficace que les Etats Unis utilisent des instruments de chantage non seulement à l’égard de leur population mais aussi du reste du monde. On a vu ainsi apparaître, fort opportunément, des procès contre des institutions financières  ou des pays récalcitrants tels la BNP, la Deutsch Bank et aussi la Russie qui s’est vue récemment réclamer 50 milliards par un juge, ou  l’Argentine à qui brutalement un juge new yorkais réclama aussi 50 milliards de dollars…  

Il y a lieu de bien comprendre que lorsque l'on parle de « puissances d’argent », on désigne une composante majeure de ce qu’on appelle aujourd’hui  « l’Etat profond », c'est-à-dire les vrais décideurs et en premier lieu, ceux qui ont décidé de la financiarisation du monde. Bien sûr, dans un tel contexte, pour pouvoir parvenir aux résultats escomptés, ces puissances ont besoin que le monde opte pour le réarmement, comme  il est important que le monde opte pour la circulation facile de l'énergie. Ainsi lorsque les Américains subventionnent l’exploitation du soit disant miracle que serait le gaz de schiste pour en baisser le prix, ce qu’ils font  en réalité, à travers ce miroir aux alouettes, c’est affaiblir les producteurs directs d’hydrocarbures, vendre les intrants d’une technologie qui leur appartient, diminuer en somme la capacité de résistance de leurs rivaux, le temps nécessaire à la restructuration du monde. 

La vision oligarchique de la gestion du Monde a des adeptes dans tous les pays. L'apparition de l' «Argent Brutal »dans notre pays correspond à ce rêve insensé de faire partie du Gotha. Par argent brutal,  j’entends l’argent acquis hors système de régulation, par les « coups de force »contre les institutions, les lois et les impôts ; amnistié en même temps que les maquis etc. Sa logique est la destruction de l’Etat par l’accaparement directe des leviers de  l’économie et du pouvoir politique.

3000 milliards ou « la mondialisation par la corruption idéologisée. »

Je voudrais convoquer un second  chiffre, les 3000 milliards de dollars correspondants à la capacité de corruption du wahhabisme, car pour parvenir aux objectifs précédemment exposés, il faut vendre une idéologie qui serait contre les intérêts des populations, qui leur enlèverait leur capacité de réfléchir, et dont elles seraient preneuses. Alors, l’Empire actuel a mis la main sur des instruments essentiels que sont, pour les catholiques l’Opus Dei, pour les musulmans le Wahhabisme et pour les protestants l’Evangélisme.  Le tout s’inscrit dans une stratégie géopolitique définie en alliance avec le sionisme. Pourquoi les évangélistes avancent-ils dans le monde ? Pourquoi le Wahhabisme avance-t-il dans le monde et qu’est-ce que l’Opus Dei ? L’Opus Dei est à l’intérieur de l’Eglise une sorte de secte qui a toujours été d’extrême droite, a sévi dans l’Espagne de Franco et a été à l’origine de la nomination de plusieurs Papes. Cela signifie que l’Empire a toujours contrôlé la production idéologique à travers les religions ou l’idéologie du Marché. Il a procédé souvent à la désignation du Pape comme à celle du Roi d’Arabie Saoudite. L’Etat profond américain, une partie de l’Afrique, une grande partie de l’Amérique Latine voient la Chrétienté soumise à l’Evangélisme, sa version sioniste. Toutefois, il convient de s’interroger sur la nomination du dernier Pape, issu  lui de la théologie de la libération c'est-à-dire de l’église humaniste. Un  Pape provenant donc de la fraction de l’Eglise proche des classes moyennes et populaires. Chez nous, il existe une opposition de fait entre les convertis à l’évangélisme et une Eglise algérienne, enracinée historiquement et structurée par Saint Augustin, l’Algérien. De la même façon, les juifs algériens, que l’on n’entend plus, disparaissent (alors que nombre d’entre eux ont participé à la libération du pays), tandis qu’on observe l’avancée des évangélistes dont l’idéologie est sioniste.  Comme les wahhabites, les évangélistes ont un objectif politique et non pas un objectif divin. Il convient de rappeler que  les fondateurs du Sionisme n’étaient pas croyants.

    Tous ont un objectif politique précis et le Wahhabisme est tout à fait dans cette perspective. Il s’agit d’empêcher  l’individu de devenir un citoyen pour en faire  un sujet, un être qui n’a pas d’autonomie propre, disponible pour toutes les manipulations. Et d’ailleurs rappelons-nous ce que dit le Wahhabisme en ce qui nous concerne : « inama el soltan dhal Allah fawq el ardh », : le sultan est l’ombre de Dieu sur terre. Mais de quel sultan parle-t-il ? C’est une catastrophe absolue d’admettre de tels propos lorsque l’on est musulman, alors que le Coran ne prévoit ni Pape ni intermédiaire. Il s’agit d’une contradiction fondamentale avec l’essence du message divin.  En vérité, il faut nous  battre, tout musulman croyant aujourd’hui doit se battre pour la  sécularisation de la religion. Car, aujourd’hui, il faut sauver la religion. Lorsqu’il y a 4 à5 ans, je le rappelle, il y eut ici des questionnements sur qui était vraiment le pouvoir en Algérie, sont soudainement  apparus des imams prêcheurs wahhabites en mission spéciale, ce dont les journaux n’ont pas suffisamment  rendu compte, à Batna et dans d’autres villes. Ces prêcheurs étaient venus nous expliquer que le devoir des musulmans était d’obéir au pouvoir en place, à ceux qu’ils déclarent licites, adoubent ou installent.  Il faut relire ces pratiques à la lumière des stratégies de l’Empire dans une logique de mondialisation.

Cette  logique de mondialisation,  nous  l’avons sous les yeux, évidente dans la définition et l’intervention de l’Etat islamique, du Daech, et autres. Que fait en effet  le Wahhabisme ? Il détruit les témoignages de l’histoire, tout ce qui permet aux musulmans de se rattacher à un lieu, un espace, un territoire, un passé en détruisant les lieux de mémoire. Pourquoi a-t-on détruit des lieux de mémoire à Ghardaïa, à Tombouctou, à Damas, à Bagdad, à Alep….Comme hier le FIS dans Alger. Quand on détruit la mosquée du Prophète, lorsque l’on envisage de déplacer la dépouille du Prophète et de lui faire subir le sort de Ben Laden - faire disparaître son corps dans un lieu non identifiable- avec pour objectif à peine dissimulé de transformer Mecca en Disney world ou Las Vegas, en un territoire qui a perdu tout lien avec le sacré matérialisé, on soumet les musulmans à l’idéologie de la consommation la plus brutale. Sous cette pression consumériste forte, la Mecque devient pour les musulmans lieux de trafics, facilités d’argent, corruption  morale et matérielle, lavage de cerveau et mise à niveau dans une idéologie qu’ils ramènent chez eux et essaient d’adapter à leurs pays, à partir de la matrice wahhabite : enrichissez- vous et simplifiez la religion !

Certains assimilent le Wahhabisme à l'anti-islam, au Dajjal. Si l’on revient aux origines, le Wahhabisme est apparu il y a deux siècles et demi dans le Nadjd, une région curieusement désignée dans certains hadiths comme l'une des provenances géographiques du « Mal ». C’est de là-bas qu'apparaîtra « le fer de lance du diable »(rapporté par El Boukhari). Pour mémoire, il est intéressant de reprendre  les sources légendaires du Wahhabisme et de la dynastie saoudienne. La première ayant trait à l'origine supposée "Dönmeh" d'Abdelwahhab et des Saoud. Les Dönmeh étant les disciples du Messie cabaliste Sabbataï Zevi, converti à l'islam en 1666. Autre rumeur tenace, le Wahhabisme serait le fruit d'une manipulation du clerc Abdelwahhab par un agent britannique, Humphrey dépêché en 1710 par la Compagnie des Indes Orientales, dans le but de fomenter des troubles et de soulever les bédouins du Hidjaz contre la Sublime Porte.  Par ailleurs, ce qui reste historiquement vérifiable, c'est le rôle joué par les Jeunes Turcs, où l'influence prédominante des Dönmeh Sabbatéens n'est plus à établir, pour détruire le Califat et l'unité symbolique du monde musulman, comme il est incontestable que Haïm Weizmann, futur président de l'Etat hébreu, a reçu l'aval et le soutien de Fayçal fils du Shérif de la Mecque pour l'établissement d'Israël. C'est le choc de la disparition du Califat qui a donné naissance à l'Association des Frères Musulmans reprenant à son compte le nom des Ikhwan saoudiens.

En l'absence d'un véritable magistère spirituel, les Oulémas algériens n'ont pas mené à terme la réforme et se sont transformés en vecteur du Wahhabisme pendant que le maraboutisme sombrait dans le folklore et altérait le Soufisme. C'est une véritable déculturation religieuse aggravée par la méconnaissance de l'histoire.

L'ironie ou le paradoxe manifeste est que les derniers développements du Wahhabisme ont remis au goût du jour les pratiques obscurantistes combattues par l'Islam: la sujétion des femmes, les sacrifices humains, l'excision...

Aujourd’hui comme hier, il s’agit de supprimer tout repère. On n’accorde plus au musulman la possibilité d’accéder au sens, en le soumettant à l’idéologie de masse de la consommation. Il devient un numéro lambda, interchangeable, il n’a pas de rapport à la patrie,  pas de rapport au sol, pas de rapport à l’histoire. C’est pour cela qu’au M’Zab les événements ont débuté par la destruction de mausolées, que partout où va le Daech il détruit les mausolées, qu’à Tambouctou on y a ajouté les livres. Faut-il en conclure que Daech est en réalité un instrument d’urgence de la mondialisation ? Cette question en entraine une autre, liée en quelque sorte à l’ampleur de sa mission. Daech, en effet, vise-t-il à détruire les pays où il nait ou n’est-il pas aussi un aimant pour ces jeunes d’Occident en rupture, ne sert-il pas à les endoctriner, les former, les entrainer pour les verser dans l’attisement international de violences paroxysmiques, de guerres civiles remettant à l’ordre du jour les guerres des religions, déviant les luttes  sociales et politiques pour la transformation du monde,  y compris en Occident ? Qu’il s’agisse des seuils effarants atteints par l’islamophobie, des provocations des ultras contre l’Esplanade des Mosquées, de la revitalisation des fascismes, de la démultiplication des « casseurs »…on se rend bien compte que le champ de bataille est d’ores et déjà pas mal viabilisé.

Voilà à quoi correspondent les 3000 milliards de la mondialisation par la corruption idéologisée. On ne peut plus laisser la gestion des lieux saints à une secte dont l'origine est douteuse et la feuille de route anti musulmane. L'Islam dans sa diversité doit être responsable des lieux saints.

900 milliards ou la « mondialisation par le crime organisé »

Le crime organisé rapporte à l’international plus de 900 milliards de dollars grâce aux trafics de drogue et d’êtres humains. Depuis la deuxième guerre mondiale, les liens entre les services secrets américains et la mafia sicilienne ont été mis à jour. L’étude du Mexique nous apprend que depuis la signature du traité de commerce libre entre le Canada, les USA et le Mexique, toute l’Amérique centrale est devenue une zone de non droit. Et, rappelons le, la « mexicanisation »de l’Afrique du Nord, singulièrement de l’Algérie, est une variante envisagée par certains cercles « académiques »et officines européens.

Le commerce de la drogue est une constituante principale de la gestion du monde. Certains économistes affirment même qu’il n’est pas possible de financer des services secrets sans trouver de sources de financement parallèle, ce qui inclut la drogue mais aussi  le commerce des armes comme la traite des êtres humains. Comment expliquer que des quantités colossales de ces produits traversent les frontières et les océans, si les trafiquants ne bénéficiaient pas de complicités auprès des organes de surveillance terrestres, aériens et maritimes. La saga de Mokhtar Belmokhtar et la traversée sans encombre de l'Atlantique, de l'Afrique de l'Ouest et du Maghreb par des quantités colossales de drogues dures nous laissent  pantois. Le Chiffre d’Affaires du marché de la drogue va de 300 à500 Milliards de dollars. C’est le deuxième marché économique du monde derrière les armes, devant le pétrole. Dans certains pays de productions ou de transit, comme le Mexique (plus de 50.000 morts entre 2006 - 2012), ce sont de véritables contre-pouvoirs occultes qui font régner la terreur et corrompent les rouages de l’Etat. Dans ce monde occulte ultralibéral, à la concurrence exacerbée, la lutte pour le leadership est sans fin et particulièrement meurtrière. Dans ce milieu aussi la terreur est le seul mode de gouvernance. Avec l’argent de la drogue, on achète d’abord les politiciens et les fonctionnaires et ensuite on recycle discrètement dans les banques. Eléphants blancs, surfacturations et recel généralisé dans les banques occidentales permettent de recycler en permanence et de fluidifier les marchés financiers. Il est possible de faire un parallèle avec l’Algérie où l’économie informelle représente 50% de l’économie globale. On a affaire à la même logique : on n’est plus dans la régularité, plus dans la loi mais hors la loi, à la porte du crime organisé…Et si l’on ajoute à cela ces actions qui ne peuvent être officialisées par leurs inscriptions dans des budgets de l’Etat, en principe soumis à la représentation populaire, aux regards publics, on aboutit alors à cette autre phase de la logique où services spéciaux se finançant par des fonds parallèles, vont enfanter des services parallèles et être enclins à créer leurs armées, le tout sans aucune reddition de comptes, ni aux institutions ni aux opinions.

L’intervention américaine en Irak a vu l’intervention d’armées privées, payées légalement sur budget lors de leur introduction et préparant l’opinion non seulement à une déconnection d’information et de contrôle sur la conduite des opérations mais la familiarisant également avec cette idée qu’il existait chez ses concitoyens des gens disposés à mourir pour de l’Argent, là-bas ou en Syrie. « Freedom of Choice », quoi. Libre choix ! Argent sale et connexions avec les services secrets ont créé un véritable gap de confiance entre l’armée américaine et les différentes administrations qui se sont succédées à Washington. Un manque de confiance qui a donc été contourné par l’Etat profond américain en encourageant les sociétés militaires privées à prendre le relais sur le terrain des troupes US. En Iran comme en Afghanistan, il y a eu autant de militaires que de « contractors »pendant les années d’occupation. Ces forces militaires privées existent toujours, leurs frais de fonctionnement même font qu’il est impossible qu’elles soient mises en dormance. Que font-elles aujourd’hui qu’il n’y a plus de présence significative américaine au Moyen-Orient ? La question se pose. D’autant que viennent s’adjoindre à ce phénomène qui dure depuis une dizaine d’années, une nouvelle percée dans la privatisation du monde militaire, avec la mue de certains « Think Tank »et ONG en agences de renseignement privées et l’ouverture du marché du contrôle et du pilotage des drones de l’armée américaine aux prestataires contractuels.

Les services spéciaux, en se dédoublant, s’autonomisent et prennent en charge la gestion du monde. En se déconnectant de toute forme de contrôle, ils créent leur propre pouvoir d’intervention et de décision : « L’Etat profond »est, à l’échelle du monde, cette conjonction entre capacités de renseignement, capacités militaires et argent hors contrôle.

300 millions de morts, mais aussi 400 à500 000 algériens en armes ou la « mondialisation par la guerre »

Les opinions occidentales ne veulent plus voir leurs enfants mourir pour des causes de plus en plus obscures malgré les efforts d’un appareil de propagande que Goebbels n’aurait pas renié. Depuis l’Irak nous avons appris plusieurs leçons :

- Que le Grand Moyen Orient n’était peut-être rien d’autre que la destruction des frontières définies par  les Accords « Sykes -Picot »et du nationalisme à l’occidentale auquel les peuples avaient fini par adhérer.

- Qu’un pays ayant été utilisé pour affaiblir l’Iran pouvait être sacrifié dans l’objectif de la politique de communautarisation de la région.

- Que la définition d’Israël comme foyer juif seulement ne pouvait trouver de justification idéologique que si la preuve était faite que les religions et les civilisations ne pouvaient cohabiter. La naissance du Hamas, pour liquider l’OLP trop laïque et multiconfessionnelle, trouve ici tout son sens. Les aveux des dirigeants américains, notamment concernant l’implication des Etats Unis dans la genèse des El Qaïda, Daech, etc…, sont à cet égard édifiants.

- La communautarisation du monde, particulièrement claire dans cette région, se devait d’être précédée de destructions massives des infrastructures civiles mais aussi, et surtout, des lieux de mémoire. L’Irak éternelle a subi de la part d’un Empire sans enracinement sur la longue durée, la plus grande destruction et le plus grand pillage d’œuvres d’Art et de monuments historiques jamais jusqu’ici observés. Les populations doivent être asservies, déracinées, soumises à des mobilités organisées donnant lieu à des purifications ethniques et à la création de micro Etats plus dépendants, plus malléables.

- L’Etat Français dans son désir de se conformer  aux desseins de l’Empire a rempli une fonction exemplaire dans la destruction de la Libye et dans les manipulations géopolitiques au Sahel. Le rêve d’un Touareguistan unifié ou d’un Soudan Occidental, comme un écho au Kurdistan ou au Sud Soudan souhaités par Israël notamment, ne se réalise pourtant pas malgré les pressions organisées à travers les tribus traditionnellement supplétives, non ancrées historiquement et territorialement dans ces pays et régions qu’elles noyautent et assaillent.

- La daechisation a engendré des monstres qui ont réalisé le projet de déracinement de populations, de destruction des Etats Nations mais ces monstres ont besoin d’être contenus, d’être gérés. Ceci pour une durée de l’ordre de 25 ans selon de grands stratèges occidentaux. Il s’agit de la période qui leur semble nécessaire pour qu’un nouvel ordre puisse naître. Les conflits dans les pays musulmans apparaissent alors comme des conflits de moyenne intensité, permettant la mise en place de rapports de force nouveaux. Face aux hordes, bien entraînées et disposant de couloirs d’approvisionnement en matériel et troupes fraîches, couloirs transitant presque exclusivement par les pays occidentaux et leurs alliés turcs et saoudiens,  il sera nécessaire d’engager des soldats sur les terrains de conflit. Les armées régulières devront intervenir, non seulement pour contrer les hordes mais pour assurer que le nouvel ordre international soit légalisé et reconnu.

- Les pays non encore détruits, comme l’Iran et l’Algérie, doivent assumer le rôle de supplétifs pour la réalisation d’objectifs politiques et militaires contraires à leurs intérêts. L’on demande déjà à l’Iran d’intervenir en Irak et à l’Algérie de le faire en Libye. Il s’agira de faire « d’une pierre, deux coups »car cette phase d’engagement détruira les capacités de résistance de ces pays. La situation de la Syrie montre que c’est parce que l'armée  ne sort pas du pays qu’elle parvient à en préserver une partie, son appartenance à une minorité et imbrication dans un régime politique contesté la rendant au demeurant incapable de défendre l’ensemble du peuple et territoire inclus dans les frontières nationales. 

- L’Etat Français n’a pu déplacer que 3 000 hommes dans le Sahel avec un résultat insuffisant. Comment ne pas envisager d’entraîner dans ce conflit les troupes algériennes ? La logistique de l’armée française est dépendante des aides américaines mais aussi algériennes. De la même façon il est possible d’imaginer que les Iraniens et même les Turcs accompliront les sales besognes au Moyen Orient.

- Pendant que les armées supplétives guerroient à l’ancienne, les armées occidentales, chinoises et russes se préparent à des guerres plus technologiques, plus robotisées avec un minimum de pertes humaines et une économie ultime en ressources. Le virus « Ebola »préfigure le cycle de l’occupation légale et ses nuances : soldats pour les Américains, hôpitaux militaires pour les Russes et Chinois.

- Selon un ancien homme politique français, Jacques Attali pour ne pas le nommer, le monde a besoin de guerres petites ou moyennes mais gérables pour éviter les grandes ou « La Grande Guerre ». Ainsi, c’est avec légèreté qu’il est fait référence à 300 Millions de morts nécessaires à l’équilibre du monde.

- Aux Etats-Unis, la création d’une administration fédérale chargée des opérations d’urgence (FEMA) soulève beaucoup de questions et ne fournit encore aucune réponse. La FEMA crée des dizaines de camps, grillagés et fermés où s’entassent des centaines de milliers de cercueils en plastique prêts à l’emploi. Des voix s’élèvent contre les desseins encore inconnus de cette agence.

3% de déficit budgétaire ou la « mondialisation multipolaire »

Il s’agit d’un chiffre clé. Mais que signifie-t-il ? Toutes les télévisions nous parlent de ce fameux 3 %, en référence au déficit budgétaire qu’aucun Etat européen ne doit dépasser. Or, il faut le comprendre, ce chiffre n’a pas de pouvoir magique du type : « au-delà de cette limite précise, l’économie est en danger ». Ce qu’il faut souligner, ce qui est toujours important, c’est ce que l’on fait de l’argent, ce à quoi il sert. Et le pouvoir de ce chiffre des 3% européens correspond pour l’Allemagne à la garantie que l’Europe est en processus de réforme et ne dérive pas vers les Etats Unis. Cette limitation budgétaire a un autre effet fondamental, elle ôte aux européens la capacité d’avoir des armées capables d’intervenir dans le monde. Ainsi, la totalité des effectifs de l’armée française peut tenir sur la place de la Concorde et des pays comme la Belgique ont dû s’associer aux Pays Bas pour constituer une marine. Nous voyons qu’à propos de l’Ukraine, les Etats Unis font pression sur l’Europe pour qu’elle se réarme, et, simultanément, nous observons l’Allemagne qui, elle tient ferme sur l’interdit de dépasser le  plafond de déficit budgétaire. Le réarmement massif européen est donc rendu impossible. Il s’agit, en somme, d’une résistance extraordinairement intelligente à l’Empire américain, organisée par l’Allemagne et non par la Russie ni par la Chine. On peut donc souligner que le plus grand opposant aux desseins des Etats Unis c’est l’Allemagne, qui a une vision multipolaire. Et c’est précisément ce qu’exprime la guerre des monnaies.

Sous cette contrainte, un pays comme la France  ne parvient pas à déplacer plus de 3000 soldats. Il n’a ni l’argent ni les capacités humaines et techniques de le faire. Son intervention en Libye n’a pas pu durer plus de 3 mois, par manque de capacités logistiques et de munitions. L’impact de l’intervention en Libye aurait affecté les stocks de munitions jusqu’en 2015. L’Allemagne émet en direction du reste du monde un langage, apparemment pro-atlantiste mais agit de manière autonome parce qu’elle lutte pour son indépendance et celle de l'Europe. Il convient de s’arrêter sur cette divergence car elle traduit une situation où il y a, d’une part, aux  Etats Unis une petite élite très, très riche aux commandes d’une population nombreuse mais précarisée, c'est-à-dire ceux dont on peut faire ce que l’on veut, et d’autre part, en confrontation, un modèle Allemand qui repose sur les classes moyennes, puisqu’on y observe beaucoup plus de PME que de grandes entreprises. Les classes moyennes portent en elles un germe qu’on ne peut leur extirper, elles sont porteuses d’aspirations à la citoyenneté alors que  l’Empire s’accommode de la précarisation, c'est-à-dire de l’anti citoyenneté. 

Un évènement incroyable s’est déroulé récemment: l’Or Allemand stocké aux USA a disparu. Attention, est en question l’Allemagne, la troisième puissance mondiale : son or, physiquement, n’est plus où l’Allemagne l’a mis. A- t- il été gagé par les USA auprès de créanciers souverains comme s’il s’agissait de leurs biens, ou s'agit-il d'autre chose? Cela pourrait effectivement signifier que les Etats Unis font pression, font du chantage sur l’Allemagne, lui intimant de se soumettre. Nous même, et pour que l’histoire ne l’oublie, nous avions en 1990/91 commencé à déplacer l’or de la Banque d’Algérie qui était stocké à Fort Knox, aux Etats Unis, au même endroit que l’Allemagne. A l’époque, les attaques furent féroces. Nous avons été accusés d’avoir détourné le stock d’or de l’Algérie, alors qu’il s’agissait de le déplacer pour diversifier les risques géographiques et politiques pour notre pays. Cette opération a été interrompue, et si le scandale fut grand, nous n’avons pu hélas sauver qu’une petite partie du stock d’or. Il ne s’agit pas d’en tirer gloriole mais de réitérer la conviction que la guerre a des formes dont on ne se doute jamais.

Une Europe germanisée serait-elle plus proche du combat des BRICS qu'il n'y paraît?

L’Algérie doit intégrer ces donnes, acquérir tant qu’il est temps de l’or physique –et non l’or papier-, ainsi que le font actuellement ces nouveaux gros acheteurs que sont la Russie, la Chine et l’Inde, acheter des actions en prise avec l’économie réelle, disposer de fonds souverains…, bref se mettre à l’abri du pire.

400 milliards ou « la mondialisation des dupes »

La « force »en devises de l’Algérie généralement affichée est ces réserves légales d’environ 200 milliards de dollars dont il est publiquement fait état. Ces réserves sont pourtant en réalité le double, soit environ 400 milliards de dollars une fois comptabilisés les avoirs de l’ensemble des citoyens et des entreprises d'algériens. Cela inclut les fruits du travail honnête et des malversations mais pas les accélérations de l’« Argent Brutal »observées récemment. Toutefois, et quelque en soit le montant, cet argent peut disparaitre, le plus légalement du monde, s’il n’est pas dépensé intelligemment. En fait, appartient-il encore à l’Algérie lorsque, par exemple, une loi américaine stipule qu’en cas de crise, tous les avoirs disponibles aux Etats Unis doivent servir le peuple américain. Les hommes des strapontins, les postulants oligarques d’origine algérienne peuvent certes entretenir cette double illusion d’être, pour services rendus, promus dans le micro-cercle intouchable de l’oligarchie mondiale et, pour le moins, de jouir à vie et de transmettre en héritage la part du butin qui leur revient sur leurs rapines, déloyautés et trahisons pour certains. Ils ne comprennent pas, malgré les précédents célèbres, du Shah d’Iran, Marcos, Ben Ali mais aussi les Khalifa, Berezovski et consorts qu’ils n’ont ni la patine généalogique, ni les strates d’accumulations, ni les codes pour accéder au Gotha, qu’ils sont des « parvenus »en mission porteurs d’une tare indélébile : leur argent sent trop fortement, trop fraichement l’illégitimité, l’illégalité. Les admettre à sa table serait pour l’oligarchie mondiale, pour les notabilités internationales qui tant ont œuvré à en effacer les traces, être renvoyés à ses propres origines, à l’origine de sa richesse et pouvoir sur les autres hommes. Par tous les moyens de captation possibles, du recours  à la Justice à l’utilisation de produits financiers sophistiqués, en passant par les crises et les saisies brutales, l’argent des élites illégitimes reviendra aux établissements et pays qui l’hébergent. Il disparaitra, ne reviendra jamais aux nations et peuples spoliés ou peut être quelques miettes et beaucoup d’effet d’annonce, en réponse à de vrais pressions d’un peuple en révolte, comme ces broutilles  rendues à la Tunisie ou à la Lybie ou encore à l'Egypte alors que  les sommes détournées et en recel dans des banques étrangères se chiffrent à plusieurs centaines de Milliards .

Lorsque l’on réfléchit sur ces thèmes cruciaux qui conditionnent non pas le flou de l’avenir mais notre futur très immédiat, on se rend compte que « notre ventre mou », c’est d’avoir une élite dirigeante consentante ou défaitiste, soumise aux desiderata des autres. Cette soumission est-elle la résultante d’opérations délibérées d’états impérialistes et néocoloniaux classiques ; est-elle à mettre en rapport avec une sorte d’attraction qui, par oligarques nationaux interposés, fait miroiter la possibilité d’intégrer la gouvernance du nouvel ordre mondial en gestation ? Rien n’est à exclure, et surtout pas le rôle d’une sorte de comportement magico-superstitieux qui consiste à croire en  l’existence d’un plan d’action, d’une machinerie, d’un deus ex machina qui nous sauvera, d’un « mektoub »qui nous vaincra, de quelque chose qui dans tous les cas nous dépasse et agit sur tout, qu’il s’agisse de guerre ou de changement politique ; alors qu’en réalité ce que l’on apprend aujourd’hui, c’est que, malgré l’autonomisation de l’Etat profond, aucun pouvoir n’est homogène, que les contradictions internes et conflits internationaux existent et, en conséquence, ouvrent aux pays comme le nôtre un espace même réduit de choix, une possibilité de jeu qui lui soit favorable. Au lieu et place de cette soumission magico-superstitieuse infantile qu’on retrouve chez tous nos dirigeants, sur le mode optimiste du : « Ils ne vont pas nous laisser tomber », ou l’inverse. Plus que les interventions étrangères qui ont bien sûr leurs impacts et effets, le grand drame de la gouvernance de notre pays, l’origine de ses effondrements et impasses est le formatage dans la soumission des élites dirigeantes. Permettre à tous et chacun d’accéder aux richesses, importations et chantiers de ce pays, sous le seul critère des rétro-commissions, alimentent en plus des comptes en banque l’illusion d’un modus vivendi avec tous et chacun, français, américains, chinois…Dangereuse euphorie, surdité profonde qui ne voit ni n’entend à quel point tous et chacun se gaussent des largesses et de la malléabilité des dirigeants.

L’Algérie est tout à fait en mesure et a un sens suffisant de ses responsabilités pour proposer à son peuple et au monde un accommodement raisonnable qui tienne compte de l’ensemble des intérêts. 

 Abderrahmane Hadj Nacer.

Source : http://www.elwatan.com/contributions/la-lente-agonie-du-dollar-les-mondialisations-et-l-algerie-partie1-29-11-2014-279534_120.php

 

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