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Défense, marine et stratégie
19 juin 2014

L'Irak ou la guerre US des religions.

moyen_orient

Par Abdelkader Leklek

Tout ce qui se gamberge dans les laboratoires US, de sciences politiques, de géostratégie, de stratégie, de sociologie, de futurologie, ces «futures research», de gestion de risques et d'anticipation de crises et de prospectives, comme théories, doctrines, thèses, hypothèses, opinion et diverses spéculations, finit par leur exploser à la gueule, malheureusement avec d'énormes dégâts pour les autres ; sur les zones d'essais. demeurés coincés dans le système, Plan Marshall du siècle passé, du nom du secrétaire d'Etat George Marshall, qui dit-on, aurait convaincu son président Harry Truman, que la rudesse des hivers d'après guerre, en Europe, pouvaient faire le lit de l'enracinement du communisme, et qu'il fallait y aller avec de l'argent, pour adoucir les froidures des européens et les immuniser contre le communisme contaminant ; cette maladie contagieuse, qui se propage avec fulgurance, quand la pauvreté règne. En conséquence, presque tous les pays d'Europe occidentale du Nord et du Sud, avec la Turquie eurent droit à des crédits, pour se reconstruire, en achetant, bien sur, des produits et des services américains. De telle sorte, qu'au bout du compte, tous ces pays avaient participé à enrichir les américains, en faisant tourner leur économie. Mais la réussite exemplaire fut celle de l'Allemagne de l'Ouest. Ainsi les américains avaient dès lors fait fixette sur ces résultats pour exporter leur modèle, sauf qu'entre temps, les choses ont naturellement subi des mutations profondément structurelles, que leurs élucubration intellectuelles de laboratoires, se retrouvent désadaptées et surtout irrévérencieuses. 

Ce décalage renseigne sur cet entêtement à reproduire au final, cette politique US depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Economiquement cette politique d'être tributaire de la guerre. Les américains ont besoin pour vivre que les autres se fassent la guerre. Et comme le docteur Frankenstein rejetant le monstre qu'il avait lui-même crée, voit sa créature chassée dire ceci, pour se venger de ce rejet: «moi aussi, je peux créer le désespoir». Sinon cet exemplaire déphasage américain volontairement retardataire, est superbement crayonné par le philosophe français Michel Serres dans un article intitulé :»la pensée en image», et publié dans le numéro 78 avril 2014 de la revue, philosophie magazine, qui dit philosophant sur l'image d'un échangeur routier que :» c'est un objet réel, matériel, dur, au sens de hardware, mais aussi si doux, au sens de software, celui de la communication. Notre époque est passée de l'un à l'autre, de la production industrielle des «cols bleus» au travail des «cols blancs» dans les activités de service. Autrement dit : Prométhée, le dieu du feu, a laissé la place à Hermès, dieu de la communication. L'échangeur est donc le résumé du nouveau monde. Si vous le réduisez à la taille d'un ongle, vous avez un microprocesseur, c'est-à-dire le principe de l'ordinateur». 

Donc à l'âge d'Hermès messager des dieux de la mythologie grecque, au temps de la communication dont ils utilisent et en abusent, les américains pour leurs propres intérêts parfois vitaux sont restés à l'ère de Prométhée, dans sa mauvaise acception. C'est à dire à l'ère de l'industrie taylorienne et fordienne, du travail abrutissant à la chaine, au lieu de s'accommoder de la lumière apportée aux hommes de par le monde. Et pour cela, les choix ne sont pas nombreux. Il faut encourager les conflits pour faire les affaires de la bellicosité. Pour ce faire alors, ils sont allés s'embourber en Afghanistan, en offrant leur mitraille à des hommes qui ont tous les archaïsmes chevillés aux corps, et l'obscurantisme entier, bien boulonné aux mentalités. Ils voulaient faire échec à l'hégémonie rampante du communisme dans cette région, péroraient-ils. Toutefois, les afghans sont-ils plus heureux après cette aventureuse équipée de G'is s'amusant sous l'œil protecteurs de drones pilotés à partir du dessert américain, à guerroyer ? Non échaudés par leur cuisante bérézina en pays afghan, ils sont allés reproduire leur bellicisme en Irak, prétextant l'existence et la détention par Saddam Hocine d'armes de destruction massive. Malgré la magistrale leçon française de diplomatie du discernement, portait par le discours de son ministre des affaires étrangères Dominique de Villepin, le 14 février 2003, au sein du conseil de sécurité, qui informait les américains et le monde, en déclamant :» dans ce temple des Nations Unies, nous sommes les gardiens d'un idéal, nous sommes les gardiens d'une conscience. La lourde responsabilité et l'immense honneur qui sont les nôtres doivent nous conduire à donner la priorité au désarmement dans la paix». 

Mais autiste, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, sur ordres de Georges Walker Bush, le fils de l'ancien président US, mordicus se cramponnait à ligne dure des faucons étasuniens, ces va-t-en guerre, poussera son pays à déclencher le 19 mars 2003, la seconde guerre d'Irak ; allié à la Grande Bretagne et d'autres aventuriers. Cela se passait après les attaques du 11 septembre 2001, sur les tours jumelles de New York, les twin towers. Le fils dit-on devait, venger les pays de l'oncle Sam de l'affront et de l'offense, faits sur son territoire, d'une part. Et de l'autre par fidélité aux prescriptions quasi testamentaires de son père achever le travail, commencé, en 1991 lors de l'opération Bouclier du Désert, durant la première guerre du golfe, quand il fallut protéger le royaume des Ibn Saoud, alors que Saddam avait envahi le Koweït. Cette entreprise se termina par la poursuite des armées irakiennes battues, jusqu'à l'intérieur de l'Irak, aux portes de Baghdad, entamée par les coalisés dans l'opération Tempête du Désert. Ainsi le fils Bush, dans son dévouement fanatique à son géniteur s'employa ardemment à mettre en application, la théorie proclamant, la lutte du «bien contre le mal» élaborée par son paternel, sur les conseils éclairés de Dick Cheney et Paul Wolfowitz. Cette conceptualisation est pertinemment résumée par le journaliste français, Eric Lurent dans son livre : la guerre des Bush : les secrets inavouables d'un conflit, ainsi : « le pouvoir américain est toujours une source de bienfaits pour le monde». De la sorte est condensée la philosophie philanthropique, concoctée par les faucons républicains, architectes de théorie guerrières américaines. En aboutissement, Saddam Hocine fut expéditivement jugé, condamné et pendu le jour de l'Aïd El-Adh'ha. Cette façon d'agir ne saurait être le fait du hasard, les faucons théoriciens de la politique américaine en sont les réfléchis promoteurs. Ils ne peuvent ignorer le sens et la signification du sacrifice abrahamique dans la conscience et la mémoire collective des musulmans. Mais ils l'on quand même fait. 

Les annales de la diplomatie US sont très riches de leurs exploits. Et pour ne citer quelques unes de leurs prouesses ; ils poussèrent, sous le règne de Ronald Reagan, l'union soviétique à s'engager dans la guerre des étoiles, un projet tellement couteux qu'il finit par vider les caisses de l'ennemi communiste. La suite est connue, à la fin du deuxième mandat de l'acteur de série président, l'URSS n'existait plus. Ils armèrent également les contras antisandinistes au Nicaragua ,pour qu'au bout du conflit il y ait 30 000 morts. Leur expérience fait de guerre qui se déroule sous nos yeux, c'est leur belligérance entre frères, imposée au pays d'entre les deux fleuves, la Mésopotamie, cette terre mythique, entre le Tigre et l'Euphrate, n'en n'est plus un état unitaire. Au nord depuis 2005 les kurdes sont constitutionnellement autonomes, et leur gouvernement régional dispose d'une force armée, appelée Peshmerga estimés à 350 000 hommes actifs, dotés de chars de fabrication russe et de véhicules blindés. Ils ont récemment été équipés d'hélicoptères américains. Le sud du pays à forte, sinon exclusive population chi'ite, s'est dès la disparition de Saddam appuyé forcément sur le voisin iranien, qui d'ailleurs n'attendait que la plus ténue des occasions pour reprendre la main et y étendre son influence. Il faut noter que les liens entre chi'ites irakiens et iraniens n'ont jamais été interrompus, même du temps fort de la dictature du parti Ba'ath, de Saddam et de sa famille. Néanmoins c'est cet interventionnisme américain effréné alléché par l'odeur du naphte, qui permit la création d'un deuxième Etat chi'ite, dans cette zone, renforçant ainsi la prépotence iranienne. 

Et depuis les irakiens s'entretuent par explosions interposées des mosquées des uns par les autres. Chi'ites contre sunnites. Résultats des courses, et profitant de la pagaille et du désordre qui règnent en Syrie, les terroristes djihadistes, ces sunnites radicalistes, de l'Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL), que les occidentaux avaient financés, armés et dotés d'une logistique de guerre moderne, particulièrement en moyens de communication ; pratiquement défaits au Bila Ech-Cham, sont entrés en Irak à partir de la zone désertique, du nord-est de la Syrie et font depuis route sur Baghdad, après avoir conquis Mossoul, Kirkouk et Tikrit, le fief de Saddam. D'ailleurs on les dits, soutenus, épaulés et bénéficiant du concours des anciens officiers et des hommes de troupes de l'ancienne armée de Saddam croyant l'heure de leur vengeance venue, sur ce que leur avait fait subir le nouveau régime Chi'ite de Baghdad. Cependant tout cela offre l'occasion rêvée à l'Iran de revenir sur la scène internationale, comme partenaire sine qua non, et incontournable, pour les occidentaux, dans la région, sans lequel, ils échoueraient dans leurs diverses stratégies pour stopper cette avancée des djihadistes à la conquête de l'Irak. Les Etats-Unis, qui auront déployé un porte avion, avec sa flotte de soutien, le George Herbert Walker Bush en tête, devront désormais composer avec l'Iran, qui ne s'empêchera pas de remettre sur le tapis des négociations, son problème de l'enrichissement de l'uranium, cependant, cette fois-ci, en position de force. L'Iran négociera d'autres choses également avec les Etats-Unis et les occidentaux, comme ils lui imposeront à leur tour, du moins en théorie, de n'avoir aucun projet de main mise sur l'Irak et aucune visée hégémonique sur cette région, théâtre de conflits sur fond de contrôle des réserves et de la route du pétrole. 

Leur allié saoudien pèsera également de tout son poids énergétique, pour que l'Iran s'abstienne de lui fomenter des dissidences et de lui créer des problèmes internes. Il y aura toujours entre ces deux puissances pétrolières ; idéologiquement ennemis, le conflit que vivent les chiites de Bahreïn, face à leur monarchie sunnite minoritaire soutenue à coup d'intervention militaires de chars saoudiens. La récurrence, de cette guerre, comme diraient les américains, en souvenir de leur guerre de sécession, de : frères contre frères, chiites contre sunnites ou inversement, plonge ses racines dans la problématique posée par les méthodes, les façons et les manières et autres outils et instrument pour régler la question de la succession, après la mort du prophète (pssl). Et pour ceux que cela intéresse, une lecture des commentaires des batailles du Chameau, de celle de Siffine et la bataille de Nahrawan, donnera plus de lisibilité sur le sujet. Et à ce stade, les évènements qui se déroulent maintenant en Irak ne sont que la manifestation tangible de schismes qui gâchent les relations entre les musulmans depuis quasiment 14 siècles. Ces scissions sont le fait de l'homme musulman, qui donne l'occasion à d'autres hommes d'en tirer profit. S'il n'y a pas d'Irak, demain, ce sera de la volonté des irakiens en particulier et des musulmans en général. 

Donc, pour cause monopolistique de suprématie énergétique, les occidentaux et en tête les américains, utilisant leurs réseaux in situ, qu'ils font et défont d'ailleurs aux grés de leurs propres et uniques intérêts, et parfois de façons fantaisistes ; n'hésitent devant aucune barrière, morale ou bien matérielle, soit-elle. Et pour cette édition, ils exhument pour demeurer en place, une raison des temps bibliques, nommée guerre de religions. Ce n'est pas le président irakien, Allal Talabani, qui est kurde, qui avait appelé les irakiens à s'engager pour défendre l'intégrité de l'Irak et contrer l'avancée des terroristes djihadites ; ni le premier ministre chiite, Nouri Al Maliki, mais c'est le grand ayatollah Ali Al-Sistani, lors de la prière du vendredi 13 juin 2014. Ici, aucun jugement n'est porté sur ce qu'entreprennent les autorités irakiennes, car il s'agit de leurs affaires propres. Cependant, quand des êtres humains subissent la guerre, interne ou bien venue d'ailleurs, créée et attisée, sur fond d'émotionnel ancré à la religion, il est légitime de se de poser des questions et de s'en inquiéter. Ainsi et pour conclure. Qui est l'origine des malheurs des musulmans ? Sans hésitation aucune : eux-mêmes. 

Source :  http://www.canalblog.com/cf/my/?nav=blog.manage&bid=1037260

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